Hommes devant la nature et la vie : Rodin, Helleu, Paul Renouard…

avril 26, 2014  |  Posted by Paul Renouard  |  No Comments

Extrait – « Hommes devant la nature et la vie : Rodin, Helleu, Le Sidaner, Steinlen, E. Claus, P. Renouard, Ch. Cottet, J. W. Alexander, J.-F. Raffaelli, F. Thaulow, G. La Touche, A. Baertsoen, Aman-Jean, A. Lepère », auteur : Mourey, Gabriel (1865-1943)

Paul Renouard

Paul Renouard m’apparaît comme le type le plus accompli du dessinateur moderne.

Il dessine comme il respire ; il ne peut regarder ni écouter sans dessiner ; le dessin est devenu pour lui une sorte de deuxième sens qui fonctionne à l’unisson des autres, enregistre et fixe, pour la plus grande joie de ses contemporains, toutes les impressions, toutes les sensations de ce sensitif infatigable et toujours avide de nouveauté, de ce curieux dont la curiosité n’est jamais satisfaite, de ce vibrant à outrance qui est est Paul Renouard.

Étrange physionomie d’homme et d’artiste que celle-ci, spirituelle et sympathique, et très française, en vérité, avec sa souplesse d’assimilation, sa vivacité de vision, son abondance primesautière. Au physique, ce diable de petit homme barbu et chevelu, -très chevelu encore…surtout, soit dit sans le blesser, quand il a la tête couverte-, ressemble à un Maure ; les traits sont énergiques, le teint haut en couleur, le poil d’un noir d’ébène où brillent quelques fils d’argent, les yeux extraordinairement vifs et perçants, le sourire ironique et malin. Sa conversation pétille, fertile en aperçu originaux, en souvenirs aigus et précis comme son art, et la même puissance de vie qui anime ses dessins la fait imagée alerte, nourrie de faits et d’impressions personnelles. Au demeurant, très simple d’allure et un peu sauvage, enthousiaste et sceptique, armée d’une volonté forte et d’une indépendance d’esprit que rien n’entame.

Pour ce qui est de l’artiste, il est peu dont le talent soit aussi connu, aussi apprécié que le sien, dans le vieux monde et dans le nouveau. Par la variété des sujets qu’il traite, au gré de l’actualité, on peut dire universelle, par la façon intense qu’il a de ressentir les choses et de les fixer, par le souci d’exactitude qui lui est propre et dont témoignent ses croquis les plus sommaires, ses plus rapides notations, il s’est conquis un public innombrable, cet innombrable public des grands journaux illustrés, sur qui l’image, la représentation graphique de la vie contemporaine, exerce tant d’attrait. La mystérieuse et étrange chose, en vérité, que cette séduction de l’image et comme il faut qu’elle soit conforme aux besoins de la nature humaine, pour, depuis des siècles et des siècles, s’exercer toujours aussi vivace et aussi irrésistible ! Il semble qu’une lassitude de la figuration conventionnelle, de la transcription de la réalité devrait gagner les civilisés à outrance que nous sommes devenus, et il n’en est rien : le charme n’a rien perdu de sa force. Ce serait un livre admirable que celui où un historien, pénétrant et doué d’une belle force d’évocation, nous conterait l’évolution du dessin populaire, son influence sur l’esprit et les moeurs, nos montrerait, à travers les âges et les races, les différentes étapes de sa domination, jusqu’à cette floraison extraordinairement abondante et riche de notre époque qui a révolutionné, par la découverte des procédés de reproduction en usage, l’univers entier de l’art.

L’oeuvre de Renouard et son succès sont une des preuves les plus nettes de la puissance du dessin sur les foules, car il aura eu cette rare fortune, qui est une des marques de sa supériorité, de plaire aux masses et à l’élite. Les unes, il les enchante par son amour de la vérité et l’acuité d’expression de son crayon ; l’autre, il la conquiert par ses incomparables qualités techniques, par sa souplesse, son esprit alerte, ses sous-entendus, sa prodigieuse dextérité. Dans le sens le plus élevé du mot, Renouard est un journaliste incomparable du dessin, et je n’entends nullement, en employant cette épithète tant décriée, hélas ! le diminuer le moins du monde. Il a du journaliste de l’époque héroïque, du journaliste comme il y en a eu beaucoup, et comme il y en a encore quelques-un, toutes les qualités : la conscience, la vivacité de touche, l’amour, du document direct, la puissance d’assimilation, la faculté de se passionner, à un égal degré, pour tout, et il y a du style, un style imagé, vivant, qui excelle à tout dire en peu de lignes, qui sait noter les fluctuations d’idées, les mouvements, les caractères, les gestes, et de montrer, derrière ces mouvements, ces caractères, ces gestes, les pensées ou les instincts. Avec quelle maîtrise il met en lumière l’essentiels d’une scène, d’un personnage, d’une foule, et cela sans parti pris, sans procédé, avec la plus grande simplicité de moyens !

Tous les milieux le séduisent, tout ce qui vit l’attire ; il pénètre les moeurs, il assiste à la vie moderne, intéressé par tout, captivé par tout, par tout ce qu’il entend, par tout ce qu’il sent. Il va à l’Opéra, à la Bourse, à la Salpétrière, à la Cour d’assises, il erre dans les faubourgs de travail et de misère, il passe des soirées dans les coulisses des théâtres et des cirques, il se mêle à la foule ardente des réunions populaires, il suit les funérailles des grands hommes, il a sa place aux sacres des rois, aux grandes parrades militaires, mondaines ou sportives, aux ouvertures des parlements ; c’est, ici, Rochefort voyageant à Carmaux, Jaurès chantant la Carmagnole, les Mines, les Invalides, le Palais de Justice, la Messeà Mazas, Gambetta à la tribune, là, les Coulisses du théâtre Annamite à l’Exposition de 1889, le Conservatoire, Sarcey conférenciers, les Professeurs de cuisine, le Procès Zola, là, les habitués de la roulette, Monte-Carlo, le Tir aux Pigeons, le Carnaval de Nice, que sais-je ? Pour Croquer la scène typique, le document unique, pour noter le fait pittoresque et exceptionnel, aucune fatigue ne le rebute, aucun déplacement de l’effraie. Il va, il est toujours partout…et ailleurs, là enfin où il faut être.

A Londres, où il vit presque autant qu’à Paris et qu’ailleurs, c’est le Parlement, Drury-Lane, la Salvation Army, les Prisons, le quartier des docks, les fumeries d’opium de l’East-End, le Lyceum theatre, les Cours de Justice, les casernes de horse-guards, le monde des sports, les music-halls, la RoyalAcademy qu’il explore et qui lui inspire,t des séries et des séries de dessins, dont les lecteurs du Graphic apprécient les qualités de justesse et d’exactitude, la vision souple fine, l’acuité puissante. L’amusante série que celle de ses « Croquis de poche à Londres », et avec quel sens de l’humour, comme en marge de ses grandes pages, il y fait vivre les types de la vie journalière anglaise, clubmen enfouis dans les vastes fauteuils de cuir, arrosant leur digestion d’innombrables « wisky and soda », visiteurs dans les musées, policeman de la National Gallery qui vous documente sur les maîtres du Quattrocent et sur Turner, le policeman de gare qui prend pour vous les tickets, enregistre vos bagages, vous porte votre valise, les copistes de la National Gallery, les promeneurs de Hyde-Park, les dormeurs des jardins de Kensington, les cochers, les conducteurs d’omnibus, le petit monde des écoles de l’Est, la classe des bébés…

Il assiste au Jubilé de la Reine, à des Distributions de prix par le doyen de l’Abbaye de Westminster, au Remontage de l’horloge de la Tour du Parlement, aux Royal Tournaments, aux Classes de danse de Mrs Katie Lanner, aux séances du Cercle anarchiste de Berners street. Puis, c’est l’Irlande, une suite de pages douloureuses et poignantes, d’un pittoresque sombre, d’une vérité émue, qui demeurent inoubliables : Enfants portant la tourbe pour payer l’école, Le Meeting, Une Eviction, Après l’Eviction, Observant les approches de la police…

Hon. John James Ingalls, of Kansas, President of the Senate of the United States.

Hon. John James Ingalls, of Kansas, President of the Senate of the United States.

Le voila à Rome pendant la semaine sainte, à Washington pendant le Congrès, et c’est la vie politique d’outre-mer, saisie sur le vif dans une collection de portraits et de scènes aussi expressifs que spirituels : le Comité des Appropriations, le Comité des Voies et Moyens, la Gauche, la droite, les Représentants de la Presse au Parlement, le Sténographe, les portraits de M. Carlisle, président de la Chambre des députés, de M. Ingalls, président du Sénat…A propos de ce dernier portrait, Renouard conte avec sa verve fine les circonstances dans lesquelles il le fit. C’était après une séance où M. Ingalls venait de prononcer un violent discours contre le président Cleveland. L’orateur était tout vibrant d’éloquence : Renouard obtint de lui deux heures de pose, dans une pièce voisine de la salle des séances.

Au bout d’une demi-heure de travail, renouard crut convenanble de demander à son modèle s’il ne souhaitait pas se reposer un peu. -Je vous remercie dit le président Ingalls, continuez, je ne suis pas fatigué. Il se remet à la besogne. Une demi-heure se passe. Renouard réitère sa proposition ; même réponse. Et quatre fois de suite il en fut de même. – Quand j’eus donné mon dernier coup de crayon, dit Renouard, j’étais à boust de forces. Je me sentais défaillir, la sueur m’inondait. M. Ingalls avait garder la pose , deux heures durant, sans un mouvement, sans donner le moindre signe d’impatience ou de fatigue. S’apercevant cependant de l’état dans le quel je me trouvais, il m’offrit son bras et me reconduisis jusqu’à la porte, sans même me demander à voir son portrait.

A propos de chacun des innombrables portraits qu’exécuta Renouard, au cours de l’actualité, il faudrait citer un mot ou une anecdote. C’est ce qu’il sait à merveille observer et se souvenir, et ses portraits en sont la preuve. Les types les plus divers s’animent en son crayon, avec une intensité et une intimités égales. Citerai-je ceux qu’il fit pour la Revue illustrée, pour l’Illustration, pour le Graphic : Sarah Bernhardt et Sardou, Ambroise Thomas, Alexandre Dumas fils, Émile Bergerat, Ravachol, Chevreul, Louis Ménard, Meissonnier, Saint-Saens, le général Boulanger, et toute la série des membres de l’Isntitut et de la Chambre des Députés, puis Alma-Tadema, Sir J. E. Millais, la maréchale Booth, Sir Frederick Leigthon, Luke Fildes, les neuf croquis d’Irving dans le rôle de Mephistopheles ? Citerai-je surtout cette galerie de portraits de l’affaire Dreyfus, qui va du premier procès Zola au procès de Rennes, nous montre, dans l’ardeur vibrante de la lutte, tous les acteurs du terribles drame, et s’achève à Londres dans la Chambre d’Esterhazy. Quelle mine de documents pour les historiens de l’avenir, quel trésor de vérité sincère et poignante !

Car la grande force de M. paul Renouard, c’est sa sincérité et sa passion de vérité. Par là, et par le don puissant qui est le sien de traduire l’action, il se rapproche des grands japonais ; il a la même absence de parti pris devant la nature, qu’il ne regarde ni en idéaliste ni en réaliste, je veux dire en dehors de toute préoccupation d’école et de toute formule établie. Aussi est-ce fort justement que M. Tadamasa Hayashi, dans la préface qu’il signait en tête du catalogue d’une Collection de dessins et eaux fortes par Paul Renouard, exposée à la Bodinière en 1894, écrivait en annonçant qu’il faisait don au musée de Tokio d’une série d’Oeuvres de Renouard : »Si l’on jette un coup d’oeil sur l’histoire de l’art au Japon, on voit que la plus ancienne école est sortie de l’art bouddhique, dérivé enti!rement de l’art indien. Viens ensuite l’école chinoise avec une influence persistante…Depuis dix siècles, on descend la pente, et aujourd’hui nos artistes sont épuisés, parcequ’ils n’ont fait que se copier les uns les autres. Pour remonter ce courant, il faut un élément nouveau, qui est l’esprit de l’art français et moderne. Voilà pourquoi je transporte une galerie parisienne dans une ville de l’Extrême-Orient, non pas pour que nos artistes moderne copient les oeuvres, mais pour leur faire comprendre que l’observation de la nature peut seule produire des oeuvres intéressantes. L’exposition que nos ouvrons ici a pour but de montrer une série de dessins M. P. Renouard, qui s’associe à mon oeuvre, et de témoigner mon admiration à l’art français qui fera, je l’espère, maître au Japon une nouvelle école, dans un sentiment analogue, mais sous une forme différente. »

Rien n’est plus vrai, et il n’y a pas un mot à ajouter. Voilà en quoi des oeuvres, comme celles de Renouard dépouillés de tout maniérisme, de tout procédé, esclaves de la vérité dans son essence, sont précieuses et fécondes.

Nous l’avons vu, tout à l’heure, promenant à travers le monde sa curiosité insatiable, notant les aspects de la vie humaine sous toutes ses manifestations. Il nous reste à l’étudier maintenant tel qu’il nous apparaît dans sa compréhension, et comme observateur, de la vie animale.

Dans ce recueil de plus de deux cents planches gravées, presque toutes, à l’eau-forte par lui-même, -quelques-unes, une vingtaine, sont dues au burin de F. Florian, -et qu’il intitule si explicitement, Mouvements, Gestes, Expressions, il se relève entier, sous les deux faces de son talents et de sa vision. Au Salon du Champs de Mars de 1898 figurait dans sa presque totalité cette oeuvre précieuse, et ce fut un émerveillement. Chats, chiens, chèvres, poules, canards, crapauds, cochons, tigres, lapins, oiseaux, vivaient, miaulaient, aboyaient, caquetaient, croassaient, grognaient, hurlaient, gazouillaient dans ces pages audacieuses, débordantes de vie. Rien de plus charmant dans la puissance, rien de plus puissant dans la grâce. Cela fleurait la nature vigoureuse et saine ; les mouvements de cette ménagerie étaient fixés, saisis, par une pointe rapide, grasse et vive, avec des bonheurs et des audaces à ravir tous ceux qui aiment et sentent l’art du dessin.

Des animaux avec leur mouvements, on passait aux enfants et aux hommes avec leur gestes, danseuses, pêcheurs à la ligne, petits enfants malades, gymnastes, et les gestes de l’homme serpent, et les gestes du dernier discours de Gambetta, et les gestes de l’avocat, Me Demange, Messieurs les jurés, M. Manau, les généraux de Pellieux et Gonse, etc., etc. Et l’on arrivait ainsi au sommet de l’échelle vivante : aux expressions. L’art suprême du dessinateur triomphait là, dans des finesses extraordinaires, dans des simplifications de modelé vraiment étonnantes.

Et partout, au cours de ces deux cents pages, comme au cours de son oeuvre entière, passait ce frisson délicieux de la vie, saisie dans ses délicatesses et ses brutalités, dans sa grâce et ses cruautés, dans ses sourires et ses larmes, avec, parfois, de jolies note d’humour, une couleur, non, une nuance, d’ironie sans malice et sans pessimisme. Serait-ce à dire que Renouard recule ou hésite devant la réalités douloureuses, au seuil des terribles  misères contemporaines, des drames noirs de la vie, il aime trop la vérité, pour cela ; je signalais tout à l’heure certaines de ses pages d’Irlande ; il en a signé d’autres non moins terribles et où vraiment, alors, devant tant de souffrances ou d’infamies, il semble que son crayon, si épris de réalité qu’il soit, s’attendrisse et s’apitoie. Dans les bas-fonds de Paris et de Londres, dans ces enfers du vice et de la misère des grandes capitales, il est descendu, avide de tout connaître et de tout noter, et la moisson qu’il a faite reste comme une des plus riches et des plus sombres qui ait jamais été faite par un dessinateurs moderne. Et c’est là, cependant, le m^me artiste qui sait si exquisement faire s’élancer, dans la lumière artificielle de la rampe et des herses, le rythme ailé des danseuses, qui sait peindre avec tant de tendresses les gestes indécis de l’enfance !

Cet éclectisme de la sensibilité, ce don de s’intéresser à toutes les manifestations de la vie, s’épanouit d’une façon plus éclatante encore, si possible, dans la suite des quelque cinquante planches destinées à être offertes par le ministère du Commerce, En commémoration de l’Exposition Universelle de 1900, à tous les artisans officiels de cette grande fête pacifique.

Sous l’eau-forte en trois couleurs du frontspice, où chante dans une gloire , parmi des attributs symboliques, le coq gaulois, le dessinateur a réuni : d’abord les portraits du Président de la République, de MM. Picard, Millerand, Waldeck-Rousseau, Leygues, Roujon, de la plupart des commissaires généraux étrangers, enfin par un sens philosophique vraiment curieux, du vérificateur des comptes de l’Exposition, de l’homme sous les yeux de qui défilèrent les formidables totaux des dépenses et des recettes de la colossale entreprise. Toutes ces effigies s’imposent par leur vérité et l’intensité de vie qu’elles contiennent, mais il faut considérer le portrait de M. Émile Loubet comme une pur chef d’oeuvre : visage de bonté, de réflexion et de finesse, où la bouche sourit discrètement, où les yeux sont doux et clairs, et que domine un sentiment de ferme dignité. Et l’ingénieuse idée qu’eue Renouard de représenter le chef de l’État lisant ce beau discours à l’ouverture de l’Exposition où il proclamait, avec tant de noblesse, la supériorité des oeuvres de solidarité, de bonté, d’amour, de tout ce qui tend à accroître la somme du bonheur humain, sur la science et l’art eux-mpemes !

Et c’est, ensuite les aspects tumultueux des deux Palais, de belles visions d’activité intelligente ; l’Inauguration dasn la salles des Fêtes, où le cortège apparaît loin, là-bas, petite masse obscure s’avançant entre deux haies de gardes municipaux ; une impression de Palais de l’Electricité, tout blanc parmi les fumées noires qui s’échappent des hautes cheminées et les fourmillements noirs de la foule ; un curieux effect de perspectives aérienne, les Pieds de la Tour Eiffel, vus du premier étage ; les Electriciens posant des lampes dans la tour Eiffel, et le repos des électriciens à la fin du jour, deux étonnantes pages qui donnent, avec les évolutions agiles de ces hommes en plein ciel, une sensation de vertige ; le Trottoir roulant, quatre pointes-sèches où Renouard a fixé, avec son esprit et sa science des gestes et des mouvements, les gesticulations incohérentes des voyageurs de l’étrange machine ; le Cortège des Malgaches ; la fuite éperdue de la foule sous la pluie d’orage au Trocadero ; l’intimité  du Déjeuner en plein air aux Indes Néerlandaises ; la Visite des maires à l’Élysée ; le Lâcher des pigeons voyageurs sous le portique du Palais des armées de terre et de mer ; le Temple kmer ; enfin, la foule montant au palais des Illusions, une superbe planche d’un philosophie profonde, avec la cohue effrénée de tout ce peuple vers le paradis des mirages et des rêves…et l’étonnant aspect de l’Exposition, vue de Meudon, au crépuscule, parmi les fumées, dans l’éclair des projections électriques derrière un premier  plan de pleine nature en silhouette d’ombre sur toutes ces splendeurs lointaines.

En pages obscures ou claires, lumineuses ou profondes, qu’il évoque la joie ou la douleur, quels que soient les aspects qui s’offrent à lui, Paul Renouard écrit au jour le jour, d’un style parfait, d’une main sûre et sincère, l’histoire de la vie contemporaine ; c’est un noble tâche à laquelle il s’est voué, et l’avenir lui en sera reconnaissant, car c’est dans son oeuvre, et dans celle de quelques autres artistes du crayon, que les générations futures viendront puiser, su, dans les courts loisirs que leur laisseront les durs et graves problèmes de la vie, elles sont prises de la curiosités de ressentir le frisson spécial de notre civilisation.

Source :

Titre : Hommes devant la nature et la vie : Rodin, Helleu, Le Sidaner, Steinlen, E. Claus, P. Renouard, Ch. Cottet, J. W. Alexander, J.-F. Raffaelli, F. Thaulow, G. La Touche, A. Baertsoen, Aman-Jean, A. Lepère
Auteur : Mourey, Gabriel (1865-1943)
Éditeur : P. Ollendorff (Paris)
Date d’édition : 1902
Type : monographie imprimée
Langue : Français
Format : In-18, 327 p.
Format : application/pdf
Droits : domaine public
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65768674
Source : Bibliothèque de l’INHA, coll. J. Doucet, 2013-412742
Relation : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30989113c
Provenance : bnf.fr

 

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