Dans cet ordre d’idées, une physionomie très originale à signaler, bien qu’il pût paraître, au point de vue technique, plus à propos d’en parler à l’occasion de la gravure, puisque son œuvre appartient presque exclusivement au « blanc et noir », c’est le dessinateur Paul Renouard. Il est célèbre par ses sériés sur la vie anglaise, qu’il a pénétré plus intimement peut-être qu’aucun artiste indigène, et sur les événements les plus importants qui ont intéressé ou passionné notre pays; entre autres, l’Exposition universelle de 1900, l’affaire Humbert et surtout l’affaire Dreyfus. Celui-ci est plus qu’un peintre de la vie moderne, c’en est le journaliste supérieurement informé, le reporter extraordinairement intelligent et clairvoyant, qui, d’un regard vif et rapide de ce gros oeil à fleur de tête auquel rien ne semble devoir échapper, perçoit immédiatement ce qui doit être vu et retenu de pittoresque, d’instructif, d’humoristique, ou même de grand et de tragique, car ce chroniqueur sait à l’occasion s’élever jusqu’à l’Histoire, et le note fidèlement d’un crayon ferme, prompt et hardi, avec une puissance de vérité qui localise sûrement la scène et le milieu, silhouette énergiquement les personnages, accusant avec décision et précision les caractère et les type dans les races et dans les individus.
Cazin affectait toujours de considérer Paul Renouard comme un ancien camarade de la « petite école », il peut être confondu, en effet dans le groupe des élèves de Lecoq de Boisbaudran. Du moins, l’a-t-on heureusement choisi aujourd’hui pour tenir la place de ce maître.
Les procédés photographiques frappaient la gravure de reproduction d’une atteinte irrémédiable, en ce sens que les artistes perdaient de ce fait à la fois un gagne-pain, un moyen de se former et que l’occasion de se distinguer par quelque grand ouvrage était chaque jour réduite. mais, phénomène curieux, la gravure trouva dans ces circonstances critiques la raison d’un nouvel essor. Dégagée de l’obligation de renseigner et de vulgariser, restreinte très limitativement à son rôle purement artistique, elle évolua vers les travaux originaux, trouvant dans le milieu des peintres des recrues exceptionnelles telles que Besnard, Pissaro, Paul Renouard, Goeneutte, Raffaelli, Auguste Lepère, Helleu, Jeanniot, Legrand, Michel Cazin, Leheutre, Desouche, Louis Morin, Ch. Maurin, Dauchez, Boutet, Loïs Delteil, etc.
Exposition Universelle de 1900 à Paris
Extraits du Rapports du Jury International
Introduction général par Léonce Benedite, conservateur du Musée national du Luxembourg
Imprimerie nationale