INTRODUCTION DE LA POÉTIQUE DE BARON-RENOUARD
Qu-on me permette une double comparaison. Je pense au long travail de la fabrication artisanale et même familiale de ces filets de pêche que l’on voyait si souvent se faire le long de nos côtes. Travail patient pour un objet tenu qui serait bientôt plongé dans cette immensité marine d’où il retirerait peut-être les mille éclats scintillants de poissons enviés. Il y a bien de tout cela chez Baron-Renouard, habitant d’un bord de mer, artisan minutieux au regard pourtant orienté vers un horizon plus large, et dont les toiles, les mosaïques ou les vitraux nous apparaissent chargés d’une immense provende plastique. On peut bien dire en effet que nous apparaît ainsi chacune de ses œuvres : comme longuement tissée de centaines de particules colorées savamment élaborées et associées…C’est le signe du métier, jamais négligé pour une bien plus grande signification, bien au-delà de la toile – comme du filet- par où s’insinue je ne sais quel avant-goût de grand large, mais aussi miroir pour qui sait y retrouver son propre paysage intérieur.
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Texte intégral
Introduction à la Poétique de F.B.R
Qu’on me permette une double comparaison. Je pense que le long travail de la fabrication artisanale et même familiale de ces filets de pêche que l’on voyait si souvent se faire le long de nos côtes. Travail patient pour un objet tenu qui serait bientôt plongé dans cette immensité marine d’où il retirerait peut-être les mille éclats scintillants de poissons enviés. Il y a bien de tout cela chez Baron-Renouard, habitant d’un bord de mer, artisan minutieux au regard pourtant orienté vers un horizon plus large, et dont les toiles, les mosaïques ou les vitraux nous apparaissent chargés d’une immense provende plastique. On peut bien dire en effet que nous apparait ainsi chacune de ses œuvres : comme longuement tissée de centaines de particules colorées savamment élaborées et associées… C’est le signe du métier, jamais négligé pour une bien plus grande signification, bien au dela de la toile comme du filet- par ou s’insinue je ne sais quel avant gout de grand large.
Je pense à la mer qu’elle lui est chère. Infini abstrait pourvoyeuse de couleurs sans cesse remaniées, pleines de formes fugitives dont les changements engendrent d’autres formes. Brisures de l’écume, oppositions des fonds marins, mais aussi miroir pour qui sais y retrouver son propre paysage intérieur, surgi de tant de traces ou de taches colorées, apposées au rebord d’un papier, dans quelque coin d’atelier.
De l’infini de la mer à l’espace du tableau, de la richesse de ses profondeurs ou du morcellement chatoyant de surface, engendrée par le vent, à l’étalement des signes plastique Baron-Renouard se promène ainsi, entre deux réalités , comme en un jardin secret, magique, né d’une transmutation rû r ma ne nL e . Car il s’agit bien aussi d’un jardin né d’un autre jardin que composent à travers une légère brume d’innombrable petits cailloux parmi lesquels la plante reçoit la vie de la goutte qui tombe et se recueille sur le végétal comme saisie par toutes les lumières du monde en un instant rassemblées. Monde fluide, mais parsemé de choses ou, à travers le temps qui s’évapore tout instant par~t compté entre deux infinis en quête de silence .
Je pense que cette mesure singulière d’un temps intérieur mesuré par l’irrisation des formes est aussi un retour à un temps « primitif » dont la durée permet la reconquête des choses qu e l’on aime pour que le rêve y retrouve ses droits.
Sans doute par ci par là, y découvrira-t-on le mythe des saisons, comme nous y invitent certains titres choisis par Baron-Renouard Mais ses peintures justement, ne nous offrent elles pas l’équivalence de deux abstractions ; l’une ,qui nous pro pose notre propre songe, allant à la rencontre de l’autre, née de la contemplation de la naturel-j’allais dire de notre immersion dans la nature: Comme l’avait confusément ressenti autrefois Kandinsky.
Aussi n’est-ce pas étonnant que Baron-Renouard ait toujours découvert un /1 bien ~tre »tout à lui au cours de ses nombreux voyages au Japon; mais le Japon des paysages et des jardins secrets ou tant de fleurs retrouvent pour une rêverie cotnr:.une cette infinité d’âmes qui depuis tant de siècles les composent!
Si le jardin comme la mer sont riches de toutes choses offrant aux heures qui les bercent la modulation constante de leurs couleurs il faut un oeil ami pour y cueillir les signes propres de l’oeuvre peinte. Mais plus avance la vie » plus ceux ci se chargent d’ expérience et de sens. Et telles nous apparaissent bien les récentes créations de Baron-Renouard, ou l’enfance toujours présente, y recompose sans cesse un univers de sereine magie.
Note et références :
Objet : Préface
Auteur : Jean Rudel, Professeur Emérite de la Sorbonne
Exposition :
Lieu : Saint Germain en Laye
Date :